vendredi 25 octobre 2019

Gazette de la transition : coût écologique des techniques post mortem




En cette période de la Toussaint, nous désirons aborder le délicat sujet de l’impact écologique des inhumations. Ces pratiques sont très variées selon les pays et évoluent aussi avec le temps. En France, la crémation était une pratique minoritaire, en 1980 elle concernait 1% de la population pour 30% à 50% des décès aujourd’hui.

La crémation et l’inhumation sont deux procédés polluants mais sont les seuls autorisés en France. La Fondation des services funéraires de la ville de Paris a procédé en 2017 à une comparaison des émissions de gaz a effet de serre entre incinération et inhumation. (étude Durapole et Verteego)

L’inhumation

En moyenne, un enterrement émet 833 kilos de CO2 soit 4023 kilomètres en voiture.

Ce chiffre est calculé pour la totalité de l’inhumation c’est à dire à la fin d’une concession de 30 ans, car il faut faire entrer dans le bilan, le transport, l’entretien de la tombe et de l’espace vert que représente le cimetière, et les émissions de véhicules municipaux et la fin de concession.
Le choix de la sépulture représente à lui seul 88% des impacts d’une inhumation.
Un caveau est fabriqué à partir de ciment, très émissif en gaz à effet de serre et surtout est surmonté d’un monument en granit. Cette pierre est produite en France en Bretagne et dans le Tarn, mais elle est rarement façonnée dans l’Hexagone. Il faut en effet savoir que 4 monuments sur 5 sont importés, principalement de Chine avec un bilan transport désastreux.

Résultat : l’inhumation équivaut à 3,6 crémations et dans certains cas, on peut atteindre 5 crémations.


 La crémation

Une crémation moyenne équivaut à 233 kilos de CO2, soit 1124 kilomètres en voiture.

L’étude part de la mise en bière pour aller jusqu’à la destination de l’urne (columbarium, cavurne, caveau, dispersion) en passant par la crémation en elle-même et la fabrication de l’urne cinéraire. Le gaz représente 56% des émissions de CO2 loin devant les infrastructures (24%) et le cercueil (12%) obligatoire car il est interdit d’incinérer un corps sans une enveloppe.
Le cercueil en carton n’est pas une matière plus efficace que le bois. Le carton a un
pouvoir calorifique moindre si bien qu’une crémation dans un cercueil en carton provoque
une augmentation de la consommation de gaz (+ 14 kilos de CO2).

 La crémation utilise 27 L d’essence en moyenne, si des soins de conservation ont été réalisé la crémation dégage de la dioxine, et aussi du mercure (plombages dentaires). Les crématoriums doivent être munis  de filtres performants depuis le 16 février 2018.


Illustration Red pour Reporterre

Depuis les années 1990, les soins de thanatopraxie (les techniques découlant de l’embaumement et qui consistent à embellir le corps dans la mort) se sont développés en France. Avant 1980  le froid était utilisé  pour conserver les corps comme de la carboglace, une cellule ou table réfrigérée. Plusieurs litres de formaldéhyde sont injectés dans le corps au cours de la thanatopraxie.
 Les soins de thanatopraxie à base de formol sont pratiqués en France sur près de 70 % des corps. « En dehors de la France et de la Grande-Bretagne, cet usage est interdit, sauf dans des cas particuliers de rapatriement de corps, par exemple. Or, lors de la décomposition du corps, le produit se répand et malgré la législation, la plupart des caveaux ne sont pas étanches. La pollution est donc à envisager à plus ou moins long terme, estime Michel Kawnik, président-fondateur de l’AFIF.
L’inquiétude de l’AFIF dépasse cependant les limites de l’utilisation même du formol et porte également sur la crémation des corps formolés. « La France est, là aussi, l’un des rares pays d’Europe à accepter les crémations après injection de produits formolés, alors que cela rejette des dioxines : de véritables poisons ! » s’insurge Michel Kawnik, président de l’AFIF. (Association Française Information Funéraire)

 Lors d’une crémation, les produits formolés employés en association avec d’autres molécules chimiques produisent de la dioxine qui peut être à l’origine d’atteintes cutanées, d’altérations de la fonction hépatique, des systèmes immunitaires, nerveux et endocriniens et de la fonction de reproduction.


Il  semble nécessaire de modifier rapidement la législation française sur ce sujet et de créer de nouveaux cimetières écologiques.




Il existe d’autres techniques funéraires à l’étranger comme l’aquamation, la promession, la résomation, ou la recomposition. Des designers italiens ont inventé une capsule funéraire qui est enterrée dans les racines d’un jeune arbre. Aux USA il existe 30 cimetières écologiques et 250 en Angleterre.



Les cimetières français proche de la nature

Les cimetières français sont très minéraux à part quelques exceptions comme le Cimetière- Parc de Nantes, un arborétum parsemé de tombes ou le cimetière naturel de Souché conçu par la ville de Niort (ni marbre ni fleurs artificielles)
Il faut adhérer à la Charte : ni caveau, ni pierre tombale, mais un pupitre de 30 centimètres en calcaire local. Il n’y a pas de cuve bétonnée, mais une inhumation en pleine terre. Les linceuls et les habits des défunts sont en fibres naturelles et les soins chimiques de thanatopraxie (conservation du corps) strictement interdits.
Il existe aussi le parc cinéraire d'Auray, dans le Morbihan, situé le long de la rivière du Bono. Depuis 1998, ce cimetière de 45 hectares accueille des urnes biodégradables, disposées au pied d'arbres
Le premier cimetière écologique parisien a été créé en 2019 : Au total, 157 concessions sont disponibles dans la 44 e division du cimetière parisien d'Ivry, un des cimetières parisiens extra-muros. À la place des pierres tombales et caveaux, la ville de Paris fournira des stèles en bois pour inscrire le nom des défunts. Les premières inhumations auront lieu à l'automne 2019. D'autres lieux du même genre devraient être créés d'ici 2021. À Thiais, Pantin ou encore Bagneux.

Connaître toutes les démarches funéraires sans se faire arnaquer









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