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Le boscalid, un pesticide qui inhibe une enzyme respiratoire !
Le SDHI est un fongicide très utilisé dans l’agriculture, ses molécules inhibent l’activité d’une enzyme qui participe à la chaine respiratoire (SDH). Les fongicides SDHI visent à détruire les champignons et les moisissures qui se développent dans les cultures en bloquant leur respiration. Le problème, selon plusieurs chercheurs, est qu’ils peuvent aussi bloquer celle de tous les êtres vivants, plantes, animaux, et hommes.
« Ces molécules étant décrites comme des fongicides, nous pensions qu’elles ne ciblaient que les champignons. Mais les tests que nous avons menés en laboratoire ont montré qu’elles tuaient aussi l’enzyme humaine, celle de l’abeille ou du ver de terre », résume Pierre Rustin, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et spécialiste des maladies mitochondriales (maladies liées notamment au mauvais fonctionnement de cette enzyme). Or, le blocage de cette enzyme peut entraîner des anomalies épigénétiques, expliquant l’apparition de tumeurs et de cancers.
Le boscalid, issu de la recherche du groupe chimique allemand BASF et autorisé dans l’Union européenne depuis 2008, est le plus vendu dans notre pays.
Selon les chercheurs, « près de 70 % des surfaces de blé tendre et de 80 % de celles d’orge d’hiver sont traitées par les SDHI », qui sont aussi utilisés sur les fraises, les salades, les pommes, dans les vignes, etc. Résultat, le boscalid est le résidu de pesticides le plus fréquemment retrouvé dans les aliments au niveau européen, selon une analyse menée en 2016 par l’Autorité européenne de sécurité des aliments.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) à monter un groupe d’expertise en 2018 afin de « déterminer si les informations et hypothèses scientifiques mentionnées par les auteurs [de la tribune] apportaient des éléments en faveur d’une exposition et de risques ». Mi-janvier 2019, l’anses a conclu à l’absence d’alerte sanitaire.
En avril 2019, le collectif Info Médoc Pesticides et l’association Éva pour la vie ont publié les résultats d’analyses de mèches de cheveux qu’ils ont réalisés sur des riverains et des travailleurs des vignes du Médoc. Sur ces derniers, des taux « hallucinants » de boscalid ont été détectés et quantifiés.
Selon Michel Urtizberea, toxicologue responsable de l’homologation chez BASF, « présence ne veut pas dire risque ». « Des doses ont été établies comme étant toxiques ou non, mais cette échelle est tout à fait discutable lorsque l’on connait les mécanismes d’actions de ces molécules et l’évolution lente des maladies qu’elles pourraient entraîner, répond Pierre Rustin, du CNRS. Ce qui importe n’est pas seulement la dose, mais aussi le moment et le temps d’exposition. »
François Dedieu est chercheur en sociologie à l’Inra. Ses travaux portent notamment sur la gouvernance des risques collectifs associés à l’usage des pesticides. « Ce n’est pas l’agence qui est en cause, mais la manière dont sont établis les tests de toxicité, dit-il. Ces tests sont certes de plus en plus rigoureux, mais ils ont une vision très standardisée des dangers qu’ils doivent évaluer et écrasent souvent une grande partie des données. »
François Veillerette, directeur de Générations futures, va dans le même sens : selon lui, « le cadre règlementaire favorise une évaluation partielle ».
« Contrairement à d’autres pesticides, dont les mécanismes d’action sont encore flous, nous savons parfaitement ce que ciblent les SDHI. Cette cible est présente chez tous les mammifères et tous les organismes vivants. Et tous sont tués par les SDHI s’ils y sont exposés suffisamment longtemps ou en quantité, constate Pierre Rustin, du CNRS. Ne pas retirer ce produit du marché est totalement irresponsable ! » L’Anses a annoncé ne pas clore le dossier.
credit document reporterre.net
Parution le 11 Septembre 2019
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