mercredi 11 décembre 2019

Marché de Noël de Villepreux : stand "Nous voulons des coquelicots"






Le courrier de l’ANSES aux Coquelicots le 9 décembre 2019


Madame, Monsieur,
Vous nous avez écrit pour relayer l’appel des Coquelicots à interdire sans attendre les SDHI « au nom de la science ».
Nous le répétons et tenons à vous en assurer : au regard des connaissances aujourd’hui disponibles, il n’y a pas de raison scientifiquement valable de craindre un risque sanitaire pour l’Homme et l’environnement, dans les conditions d’usage autorisées en France pour ces produits.
Il n’y a pas aujourd’hui d’alerte sanitaire ! (…)

Vous évoquez dans vos messages une étude publiée le 7 novembre dernier dans la revue scientifique PLOS One montrant une toxicité des SDHI sur des cellules en culture. Comme l’écrivent les auteurs eux-mêmes dans cet article, il est « extrêmement  hasardeux » de comparer les valeurs obtenues in vitro, dans des conditions de laboratoire, avec les concentrations de SDHI qui pourraient résulter des applications des pesticides sur les cultures. L’étude de 2012 que certains d’entre vous mentionnent n’est pas plus concluante en ce qui concerne un impact éventuel sur la santé humaine, et ses auteurs n’ont pas apporté d’élément supplémentaire depuis lors.
De façon générale, s’il arrive fréquemment qu’une publication scientifique nouvelle constitue un signal d’alerte pour une agence scientifique comme l’Anses, l’expérience montre qu’une étude isolée, non confirmée par d’autres approches scientifiques et d’autres publications, ne peut apporter à elle seule un niveau de preuve suffisant.
Ceci nous ramène donc à l’action menée depuis près de 2 ans par l’Anses en réponse au signalement de Pierre Rustin sur les SDHI, pour tenter de préciser la validité de l’hypothèse proposée.
Pour se faire, l’Anses s’est conformée à ses procédures de traitement des alertes :
–   constitution d’un groupe d’expertise collective en urgence constitué de chercheurs compétents en toxicologie et d’autres sciences utiles, des scientifiques reconnus, extérieurs à l’agence et issus de la recherche publique,
–   signalement et échanges avec les autorités sanitaires homologues à l’Anses au niveau européen,
–    examen de l’ensemble des connaissances scientifiques disponibles sur la substance, ses mécanismes d’action, sa toxicité, à la fois  in vitro (sur cellules) et  in vivo (chez l’animal),
–    examen des données issues des réseaux de surveillance et de vigilance coordonnés par l’Anses (tels les centres anti-poisons) pour s’assurer de l’absence de signal d’un effet sanitaire. A l’heure actuelle, aucune alerte sanitaire n’a été donnée sur les SDHI, dans aucun pays. Toutefois, notre vigilance reste constante et l’Agence a décidé de continuer ses travaux d’évaluation des risques. (…)


Pour quelle raison l’ANSES s’arc-boute-t-elle sur une position indéfendable ? Encore deux informations qui alourdissent le dossier. Le tribunal administratif de Nice vient d’annuler l’Autorisation de mise sur le marché (AMM) que l’ANSES avait pourtant accordée en 2017 pour deux pesticides, le Transform et le Closer. Ils étaient censés remplacer les néonicotinoïdes interdits, mais ils en étaient eux-mêmes ! Or la directrice-adjointe de l’ANSES – en 2017 -, madame Françoise Weber, avait fait le voyage en avion jusqu’à Nice pour défendre ces pesticides. Est-ce bien le rôle d’une agence de protection sanitaire ?
La deuxième information, saisissante, concerne la santé des paysans. Une actualisation de la très officielle AgriCan, étude portant sur 181 842 paysannes et paysans de France, vient de rendre des résultats aussi limpides qu’effrayants. Les éleveurs, à cause du pesticide lindane, ont deux fois plus de risques d’avoir un cancer de la prostate que la population générale. Et développent bien plus de myélomes – +25% chez les hommes, +22% chez les femmes) et de lymphomes (+47% chez les hommes, +55% chez les femmes). Commentaire du chercheur Pierre Lebailly (Inserm, Centre François Baclesse), interrogé par Ouest-France : «Les agriculteurs développent un risque professionnel de cancers liés à l’utilisation de pesticides.»
Le mouvement des Coquelicots déplore une fois de plus le déni dans lequel s’est enfermée l’ANSES, agence dont nous rappelons qu’elle est publique, payée sur fonds publics, au service de la société et non pas de l’industrie. Nous demandons à sa direction de changer son comportement et de se rendre à l’évidence scientifique : les SDHI sont un danger immédiat pour tout ce qui est vivant.

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