Paris, Seine-Saint-Denis, le 27 mars 2019
Suite aux violences récentes, dans plusieurs
villes de la région parisienne, perpétrées à l’encontre des personnes Roms ou
perçues comme Roms, les associations condamnent ces actes racistes et
appellent à une protection pérenne des personnes concernées.
Nos associations et collectifs ont recueilli
les témoignages de nombreuses personnes qui ont relaté les faits qui se sont
déroulés ces derniers jours dans plusieurs villes d’Ile-de-France[1], et tout
particulièrement dans la nuit du lundi 25 mars : descentes d’hommes
armés dans les bidonvilles, menaces de mort ou d’incendie, coups de feu tirés
sur les lieux de vie des personnes, agressions physiques.
Les personnes concernées témoignent des effets
délétères de ces violences : elles vivent depuis plusieurs jours dans la
terreur d’être victimes d’actes malveillants, les enfants ne dorment plus,
les adultes s’organisent pour veiller toute la nuit, en bref, la vie est
suspendue. Les personnes qui vivent en bidonvilles et/ou qui conduisent une
camionnette (pour leur activité de ferraillage le plus souvent) n’osent
souvent plus en sortir pour poursuivre leurs activités habituelles (travail, école,
courses alimentaires, soins de santé…). Les familles doivent cesser de vivre
dans la terreur.
Pour nos associations, ces actes violents sont
des actes racistes et doivent être dénoncés et condamnés comme tels. Il est
intolérable qu’une communauté dans son ensemble, quelle qu’elle soit, réelle
ou imaginée, soit prise pour cible et serve de bouc émissaire. Le racisme
anti-roms est, en France, le racisme le plus généralisé. Ce rejet a été
alimenté, ces dernières années, par des paroles inacceptables de responsables
politiques, du discours de Grenoble de N. Sarkozy en 2010, aux propos de M.
Valls en 2013 en passant par des propos racistes très fréquents de la part
d’élus locaux. Il trouve également son terreau dans les clichés, stéréotypes,
préjugés véhiculés dans toute la société française.
Aujourd’hui, aux côtés des Roms vivant en
France, nous appelons les pouvoirs publics à prendre la mesure de ces
événements et à agir fortement pour protéger les personnes concernées. Aucune
rumeur ne peut justifier de commettre des actes qui s’apparentent à une
punition collective. Nous saluons la réaction des forces de l’ordre dans
certaines villes et appelons à une protection systématique et effective face
aux menaces. Nous attendons également une parole forte des pouvoirs publics
pour dénoncer ces actes inacceptables, sans détour. Enfin, il est absolument
nécessaire que des enquêtes de police soient diligentées et que des
poursuites soient engagées contre les auteurs de ces évènements graves.
Au-delà de ces événements, c’est la lutte
contre la précarité, le renforcement des capacités d’agir des personnes et
leur participation aux politiques publiques qui les concernent qu’il faut
déployer avec une ambition plus affirmée, et ce pour tous les habitants des
quartiers populaires, qu’ils soient Roms ou non. Il est urgent qu’une volonté
politique soit portée clairement par le gouvernement pour imposer des
conditions du vivre-ensemble afin de mettre fin aux discriminations et à la
précarité.
[1] Grâce aux échanges avec les habitants de
squats et bidonvilles sur le terrain, nos associations ont recensé des faits
de violences ou intimidation à Colombes, Clichy sous Bois/Montfermeil,
Aulnay/Sevran, Nanterre, Montreuil, Bondy, St Ouen, Bobigny, Champs sur Marne
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