vendredi 20 octobre 2017

Dans les Yvelines de nombreuses personnes dorment dans la rue


 Article du Parisien de Laurent Mauron du 19 octobre 2017

« Comment est-il possible, dans un département aussi riche que les Yvelines, que 70 personnes soient refusées chaque soir par le 115 ? »

Photo Le Parisien Laurent Mauron
Une centaine de militants et des familles privées d’hébergement ont manifesté devant la Préfecture ce jeudi après-midi. L’idée du rassemblement devant la préfecture, à Versailles, est venue sur un coup de colère, l'expulsion des Roms, fin aout à Carrières sous Poissy et Triel a agi comme un détonateur, explique Annick Omond, une militante de Roms Yvelines. Depuis, les familles vivotent à l’hôtel avant de se retrouver à la rue ». En quelques jours - le mot d’ordre a été lancé dimanche 15 octobre - les militants d’une trentaine d’organisations et d’associations de défense des mal-logés se sont mobilisés pour la manifestation de ce jeudi après-midi.
« Nous sommes un grand nombre à aider ces familles, parfois depuis dix ans. Tout est fait pour que les enfants soient scolarisés. Il est possible d’insérer ces gens, mais tout est remis en cause en permanence », reprend cette assistance sociale retraitée. Une Rom, qui vivait dans le camp de Triel, appuie ces dires. « On était dans une soixantaine de caravanes. Du jour au lendemain, on nous a mis dehors alors que moi, je suis en France depuis 2012 et que je travaille », confie ce père de famille qui veut alerter sur le cas de sa fille Christina, reléguée à la rue. Des Tibetains dont certains dorment sur le bitume à Pointil, à Conflans-sainte Honorine , sont là aussi, avec des messages « Donnez nous une maison » écrits sur une simple feuille de papier.

Photo Le Parisien Laurent Mauron, des tibétains manifestent
Sur la grille de la préfecture, une banderole a été déployée et résume le message de la manif du jour : « Plus une personne à la rue ». « On ne comprend pas que dans un département aussi riche que les Yvelines, il soit encore possible en cette rentrée que 70 personnes soient refusées chaque soir par le 115 (NDLR : le numéro d’urgence des sans-abri) », dénonce un militant qui distribue des tracts aux passants, relativement indifférents à cette cause. La coordination en profite pour diffuser un message bâti autour de quatre revendications : davantage de places pour le Samu Social, pas d’expulsion sans relogement, création de places d’hébergement stable, reconduction d’un plan de lutte contre la pauvreté.
Une délégation a été reçue en préfecture pour un entretien de plus d’une heure, que ses membres ont jugé « cordial ». « Le préfet nous a dit, en donnant beaucoup de chiffres, qu’il était d’accord avec notre constat : qu’il existe un déficit par rapport aux besoins et dans le cadre de la solidarité régionale pour les sans-abri, rapporte Odile Jouanne, de RESF (réseau éducation sans frontières), présente au sein de la délégation. Il promet l’ouverture de places pour la trêve hivernale et un effort important pour l’hébergement en 2018. On repart avec ces promesses. Cela devrait nous aider, mais la plus grande vigilance s’impose. »
Paola, 24 ans, veut pouvoir « mettre ses enfants à l’école »

Photo Le parisien Laurent Mauron Les familles roms témoignent de leurs conditions de vie précaires

 Même les enfants arborent des pancartes qui réclament « Un toit, une école SVP ». De nombreuses familles roms se sont mêlées à la manifestation, ce jeudi après-midi. « On est à la rue en ce moment. Nos enfants vont à l’école et mon mari travaille à Paris dans le nettoyage », s’époumone une femme de famille. « J’ai même les papiers » précise le mari. Plus loin, d’autres familles font part de leur désarroi. « On était à Montigny-le-Bretonneux dans notre caravane. Ils nous ont expulsés au début du mois d’octobre. Maintenant, on est disséminé entre Alfortville ou Le Blanc-Mesnil. On veut juste un logement », insiste un adolescent, qui se fait porte-parole car les aînés ne maîtrisent pas bien le français.
Lacatus, 24 ans, brandit un papier. « Moi, je suis en France depuis cinq ans. Je travaille dans les espaces verts avec un contrat et je l’ai même fait pour la mairie. Pourquoi on veut me sortir de là ? », lance-t-il. Le cas de Paola est encore plus terrible. Cette jeune femme de 24 ans, mère de deux enfants de 3 et 6 ans, a perdu sa petite sœur dans l’incendie du camp de Carrières-sous-Poissy, en juin 2015. Depuis, elle erre. « Je suis allée à Chambourcy, à Andrésy. On est 20 à se débrouiller comme on peut, indique-t-elle. Je veux apprendre votre langue et mettre mes enfants à l’école ».



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