Photo Julien Duc |
Jeudi soir 2 juin, aux alentours de 17
heures les 45 familles
installées Voie de Seine dans des hangars
désaffectés appartenant à Nexity à Villeneuve le Roi ont vu la
police
arriver pour les expulser.
Dans
un premier temps les familles
ont refusé de partir car aucune mise à l'abri ne
leur était
proposée. Les militants de l'Essonne qui connaissent les familles
ont
tenté vainement de joindre un élu de la ville.
La police est
revenue en début de soirée, les
a expulsé brutalement et a rasé les
hangars. Une dizaine de familles a dormi dans
leurs véhicules à
proximité pendant que les autres essayaient de s'installer à
Valenton
d'où elles ont été rapidement expulsées. Certaines d'entre elles se sont
dispersées
dans différents lieux du Val de Marne et de l'Essonne.
Toutes les familles sont
totalement démunies. Actuellement elles
errent dans le Val de Marne et
l'Essonne, tentant de se poser quelque
part, squats ou terrains. Certaines
encore rejoignent des
connaissances sur des lieux plus ou moins stables
(Choisy, Villeneuve
St Georges, Rungis, Vitry, Ivry).
Elles
nous appellent chaque jour nous transmettant leur désarroi. Nous avons besoin
que des personnes pouvant les contacter dans les endroits où elles se
trouvent actuellement se manifestent et que nous voyions ensemble quel soutien
et quelle aide efficace nous pouvons leur apporter.
Vendredi soir 3 juin même scénario à
Créteil.
14
personnes dont 2 nourrissons de moins de 6 mois sont
expulsées par la police de
Créteil qui ne les oriente nulle part.
Des militantes tentent de joindre le maire qui répond qu'il n'a pas
de
solutions. Les familles sont dirigées sur un gymnase de Bonneuil
qui a
été ouvert. Mais ce gymnase accueille les sinistrés de
Villeneuve St Georges
pas ceux de Créteil. Les familles sont donc
refoulées et finalement elles
atterrissent dans un squat. Dans la
nuit des militants sont allés à leur
rencontre pour leur prêter
assistance. Dans le squat où elles sont, il n'y a ni
eau, ni
électricité. Elles sont revenues aujourd'hui dimanche pour
récupérer
quelques affaires sur leur petit terrain mais elles en
ont perdu une grande
partie. Quelques militants mobilisés autour d'eux pourront dans les jours qui
viennent leur apporter soutien et aide. Cependant toute personne souhaitant
donner un coup de main sera la bienvenue.
Vendredi 3 juin, l'hôtel « Le
Pêcheur Tranquille » sis à Athis Mons (91) a été évacué
du fait
des inondations. Deux familles du 94 y étaient hébergées
dont l'une par le
biais de l'Aide Sociale à l'Enfance. La famille M.
hébergée par le "115" a réussi
à obtenir un hôtel à Chilly
Mazarin. La famille D. dépendant de l'Aide Sociale
à l'enfance, aucun hébergement par le "115" n'a pu être accordé. Ne sachant
comment se
rendre à Chilly Mazarin, la famille M est revenue par le RER à Ivry
sur
Seine avec la famille D.
Le Président de l'Association Sperentza
a téléphoné à
la mairie d'Athis Mons qui a transmis son refus
d'accueillir ces familles dans
un gymnase, faute de places.
Sollicitée par les militants de Sperentza, la
mairie d'Ivry a
affrété un petit bus pour les emmener dans la nuit à l'hôtel.
L'autre famille, qui dépendait de
l'Aide sociale à l'enfance et non du "115" a
dormi chez un militant
d'Ivry.
Le
samedi 4 juin, le "115" leur demande
de réintégrer l'hôtel initial à Athis Mons.
Or cet hôtel n'est
absolument pas hors d'eau. Le responsable de l'Hôtel
Monsieur F a
donc emmené les familles à
la mairie d'Athis Mons qui a refusé
d'intervenir pour elles et les a violemment
refoulés, insultant le directeur de l'hôtel, menaçant d'appeler la police.
Les familles
se sont vues remettre un papier avec l'adresse d'un foyer pour
femmes
et enfants à Etampes.
Finalement
tout le monde a dormi dans la gare
d'Etampes et elles sont retrouvées ce matin
dimanche 5 juin dans les
rues d'Ivry, démunies, désespérées.
Le "115" contacté ce matin dimanche 5 Juin réaffecte
les familles à l'hôtel d'Athis Mons.
Le directeur de l'hôtel,
Monsieur F. nous affirme qu’aucune personne ne peut
réintégrer
l'hôtel, les pompiers ne sont pas passés, et il y a 40 cm d'eau
autour
des lieux. Monsieur F. a alors saisi la cellule de crise de la
préfecture de
l'Essonne afin que le maire d'Athis Mons prenne ses
responsabilités face à ces
familles. En vain. Nous avons joint dans
l'après-midi la cellule de crise mise
en place à la mairie d'Athis
Mons qui nous
a clairement signifié son refus d'intervenir pour que
ces familles regagnent
leur hôtel le plus rapidement possible. Elle
nous enjoint de demander au
"115-94" le retour des familles dans le 94
(elles sont dans cet hôtel depuis un an) et nous annonce clairement
qu'elles
ne sont pas désirables sur la commune et
que le pompage des alentours de
l'hôtel ne se fera pas avant une
semaine, l'eau continuant à monter.
Depuis trois jours on nous parle de
la solidarité
des uns et des autres et de la détresse des sinistrés
qui ont tout perdu. Et
nous sommes évidemment touchés par toutes
ces situations.
Mais pas une parole, pas un mot, pas
un geste de
solidarité n'ont été formulés pour les familles
contraintes de vivre sur des
terrains inondables dans des conditions
absolument innommables faute d'être
considérés comme des humains à
part entière.
Ces familles n'ont eu aucune
assistance sauf celle de
la police pour les expulser et le rejet de certaines
municipalités
qui en profitent pour se débarrasser d'elles en rasant leurs
cabanes
avant même que les familles aient pu récupérer les quelques
affaires
qu'elles possèdent, en leur refusant toute aide, tout
hébergement, toute mise à
l'abri alors même qu'il y a des bébés
de quelques mois, des enfants scolarisés
et des personnes malades.
Tous les militants mobilisés depuis trois jours sont
consternés et profondément choqués devant cette discrimination. Nous
envisageons
de saisir le Défenseur des droits.
Toute solidarité avec l'ensemble
des familles est la
bienvenue.
Aline Poupel
Pour le Collectif Romeurope 94
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