lundi 6 juin 2016

Les familles Roms du Val de Marne et 
les inondations



Photo Julien Duc

Jeudi soir 2 juin, aux alentours de 17
heures les 45 familles installées Voie de Seine dans des hangars 
désaffectés appartenant à Nexity à Villeneuve le Roi ont vu la 
police arriver pour les expulser.
Dans un premier temps les familles
 ont refusé de partir car aucune mise à l'abri ne leur était 
proposée. Les militants de l'Essonne qui connaissent les familles 
ont tenté vainement de joindre un élu de la ville.
 La police est
 revenue en début de soirée, les a expulsé brutalement et a rasé les 
hangars. Une dizaine de familles a dormi dans leurs véhicules à
 proximité pendant que les autres essayaient de s'installer à 
Valenton d'où elles ont été rapidement expulsées. Certaines d'entre elles se sont
 dispersées dans différents lieux du Val de Marne et de l'Essonne.
 Toutes les familles sont totalement démunies. Actuellement elles 
errent dans le Val de Marne et l'Essonne, tentant de se poser quelque
 part, squats ou terrains. Certaines encore rejoignent des
 connaissances sur des lieux plus ou moins stables (Choisy, Villeneuve
St Georges, Rungis, Vitry, Ivry).
Elles nous appellent chaque jour nous transmettant leur désarroi. Nous avons besoin que  des personnes pouvant les contacter dans les endroits où elles se trouvent actuellement se manifestent et que nous voyions ensemble quel soutien et quelle aide efficace nous pouvons leur apporter.

Vendredi soir 3 juin même scénario à
 Créteil.

14 personnes dont 2 nourrissons de moins de 6 mois sont 
expulsées par la police de Créteil qui ne les oriente nulle part. 
Des militantes tentent de joindre le maire qui répond qu'il n'a pas
 de solutions. Les familles sont dirigées sur un gymnase de Bonneuil
 qui a été ouvert. Mais ce gymnase accueille les sinistrés de 
Villeneuve St Georges pas ceux de Créteil. Les familles sont donc 
refoulées et finalement elles atterrissent dans un squat. Dans la 
nuit des militants sont allés à leur rencontre pour leur prêter
assistance. Dans le squat où elles sont, il n'y a ni eau, ni
 électricité. Elles sont revenues aujourd'hui dimanche pour
 récupérer quelques affaires sur leur petit terrain mais elles en 
ont perdu une grande partie. Quelques militants mobilisés autour d'eux pourront dans les jours qui viennent leur apporter soutien et aide. Cependant toute personne souhaitant donner un coup de main sera la bienvenue.

Vendredi 3 juin, l'hôtel « Le
 Pêcheur Tranquille » sis à Athis Mons (91) a été évacué
 du fait des inondations. Deux familles du 94 y étaient hébergées 
dont l'une par le biais de l'Aide Sociale à l'Enfance. La famille M.
 hébergée par le "115" a réussi à obtenir un hôtel à Chilly
Mazarin. La famille D. dépendant de l'Aide Sociale à l'enfance, aucun hébergement par le "115" n'a pu être accordé. Ne sachant comment se 
rendre à Chilly Mazarin, la famille M est revenue par le RER à Ivry
 sur Seine avec la famille D. 
Le Président de l'Association Sperentza
a téléphoné à la mairie d'Athis Mons qui a transmis son refus
 d'accueillir ces familles dans un gymnase, faute de places. 
Sollicitée par les militants de Sperentza, la mairie d'Ivry a 
affrété un petit bus pour les emmener dans la nuit à l'hôtel. L'autre famille, qui dépendait de 
l'Aide sociale à l'enfance et non du "115" a dormi chez un militant
 d'Ivry.

Le samedi 4 juin, le "115" leur demande
 de réintégrer l'hôtel initial à Athis Mons. Or cet hôtel n'est
 absolument pas hors d'eau. Le responsable de l'Hôtel Monsieur F a
donc emmené les familles à la mairie d'Athis Mons qui a refusé
d'intervenir pour elles et les a violemment refoulés, insultant le directeur de l'hôtel, menaçant d'appeler la police. Les familles 
se sont vues remettre un papier avec l'adresse d'un foyer pour femmes 
et enfants à Etampes.
Finalement tout le monde a dormi dans la gare
 d'Etampes et elles sont retrouvées ce matin dimanche 5 juin dans les 
rues d'Ivry, démunies, désespérées.
Le "115" contacté ce matin dimanche 5 Juin réaffecte 
les familles à l'hôtel d'Athis Mons. Le directeur de l'hôtel, 
Monsieur F. nous affirme qu’aucune personne ne peut réintégrer 
l'hôtel, les pompiers ne sont pas passés, et il y a 40 cm d'eau 
autour des lieux. Monsieur F. a alors saisi la cellule de crise de la
préfecture de l'Essonne afin que le maire d'Athis Mons prenne ses
responsabilités face à ces familles. En vain. Nous avons joint dans 
l'après-midi la cellule de crise mise en place à la mairie d'Athis 
Mons qui nous a clairement signifié son refus d'intervenir pour que 
ces familles regagnent leur hôtel le plus rapidement possible. Elle 
nous enjoint de demander au
 "115-94" le retour des familles dans le 94
 (elles sont dans cet hôtel depuis un an) et nous annonce clairement
 qu'elles ne sont pas désirables sur la commune et
 que le pompage des alentours de l'hôtel ne se fera pas avant une
semaine, l'eau continuant à monter.

Depuis trois jours on nous parle de 
la solidarité des uns et des autres et de la détresse des sinistrés
 qui ont tout perdu. Et nous sommes évidemment touchés par toutes 
ces situations.
Mais pas une parole, pas un mot, pas 
un geste de solidarité n'ont été formulés pour les familles 
contraintes de vivre sur des terrains inondables dans des conditions 
absolument innommables faute d'être considérés comme des humains à 
part entière. 
Ces familles n'ont eu aucune assistance sauf celle de
 la police pour les expulser et le rejet de certaines municipalités
qui en profitent pour se débarrasser d'elles en rasant leurs cabanes
 avant même que les familles aient pu récupérer les quelques 
affaires qu'elles possèdent, en leur refusant toute aide, tout 
hébergement, toute mise à l'abri alors même qu'il y a des bébés 
de quelques mois, des enfants scolarisés et des personnes malades.

Tous les militants mobilisés depuis trois jours sont consternés et  profondément choqués devant cette discrimination. Nous 
envisageons de saisir le Défenseur des droits.
Toute solidarité avec l'ensemble 
des familles est la bienvenue.

Aline Poupel
Pour le Collectif Romeurope 94

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