lundi 27 juin 2016

Big Brother à Villepreux ?






On peut voir dans une rue de Villepreux un panneau de signalisation illustré d’un œil tel Big Brother. Ce concept anglo-saxon pour se protéger des cambriolages consiste à signaler tout mouvement suspect ou anormal autour des habitations par sms, messagerie, réseaux sociaux. Une communauté de voisins s’engage à devenir les vigiles du quartier.
Ce logo est une marque déposée, une  entreprise à but lucratif d’un entrepreneur marseillais qui propose panneau, auto collant payant. Il suffit de s’inscrire sur le site, même sans prévenir ses voisins ou sans commander les goodies pour être répertorié!

À Pessac, dans la banlieue de Bordeaux, il y en aurait trois. Dans les faits, deux d’entre elles sont totalement inactives. La troisième est marginale et autonome, mais a disparu du site internet. « Les gens ne parlent pas beaucoup ici. Chacun a son alarme, chacun a son pitbull. Mais on ne voisine pas ». Gilles Malrieux, infirmier à la retraite, a emménagé rue Neuve dans la périphérie de Pessac il y a une dizaine d’années. En 2012, il prend l’initiative de créer une communauté sur ce site. Mais il n’en parle à personne. « J’avais fait cette démarche parce que je voulais recréer du lien entre les membres du quartier ». Gilles ne reçoit jamais le “kit de démarrage” – une centaine d'autocollants de l’association à placer sur les boîtes aux lettres et des brochures d'information promises par l’organisation à tout nouvel inscrit – et finit par abandonner l’idée. Ce qu'il ignore, c'est que sa seule inscription suffit à placer la rue Neuve au nombre des communautés de Pessac sur le site de l’entreprise. Même si Gilles Malrieux et ses voisins ne se sont jamais organisés ainsi.
Même cas de figure au nord de la ville : Chloé Gex habite un des logements de la Résidence Étoile Noés. Vendeuse d’alarmes, elle s’est inscrite sur le site en septembre 2014 dans le but de « se renseigner sur le dispositif ». Aucune ambition chez elle de transformer sa résidence en forteresse vigilante. Mais une fois encore, cela suffit à ce que son quartier soit répertorié par le site. Article Mediapart

Au conseil municipal, Madame Sevin-Montel, 4 ème adjointe chargée de la sécurité et du protocole,  répondant à une question de l’opposition a déclaré :  Qu’elle n’avait pas de raison de refuser la pose de ce panneau privé mais qu’elle préfèrerait une version municipale, une convention de participation citoyenne avec la police. En bref, institutionnaliser la suspicion à Villepreux ! 

Pour Laurent Mucchielli, sociologue, directeur de recherches au CNRS « le dispositif a toutes chances de ne pas fonctionner et comporte un certain nombre de dérives logiques» Peu de gens accepteront de jouer le jeu, à part peut-être les personnes les plus âgées, « ou celles animées d’une âme de petit shérif local »« La plupart du temps, estime-t-il, comme il ne se passe rien d’anormal, ces signalements vont conduire à des erreurs. Et créer des embrouilles…  Les gendarmes ont autre chose à faire que de perdre du temps avec des séries d’appels sans intérêt… »

A quant les milices de quartier à Villepreux ?
Il nous semble préférable de développer la solidarité et l’entraide dans nos quartiers plutôt que la suspicion et la délation !

«  En clair nous assistons à la mise en place progressive et sournoise d’un réseau de délation généralisé ou tout le monde surveille tout le monde, où le soupçon l’emporte d’emblée sur la bienveillance. «    Livre : Les Indics, de Christophe Cornevin 

Quand à la multiplication  des caméras de surveillance à Villepreux, Monsieur Stéphane Mirambeau, maire de Villepreux refuse de rouvrir le débat au conseil municipal. A ce jour l’opposition n’a toujours aucun chiffre sur l’efficacité de ces caméras de vidéosurveillance avec enregistrement sans visionnage directe.

Il faut dire qu’il y est encouragé par la Région qui a multiplié le budget pour la sécurité par deux au détriment des autres secteurs.
En 2016, le budget régional consacré à la sécurité est en augmentation de 114% par rapport à 2015 (20,5 millions d'euros), et permettra de mettre en ouvre le bouclier de sécurité voté par la majorité du Conseil régional en janvier.




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