samedi 20 décembre 2014

Appel contre les politiques de racialisation



 
Document reprenons.info 


Nous assistons actuellement à une régression idéologique : l’antiracisme se réduit trop souvent à un combat contre le racisme individuel à l’occasion de « dérapages » qui se multiplient effectivement. C’est minimiser la réalité du racisme systémique, c’est-à-dire, au-delà des idéologies racistes, des discriminations au quotidien, mais c’est aussi occulter le rôle du racisme institutionnel : le traitement étatique et municipal des populations Roms venues de Roumanie ou de Bulgarie, pays membres de l’Union européenne, en est l’illustration la plus brutale.



En France, depuis dix ans, des familles Roms ont subi une quinzaine d’expulsions qui les rejettent toujours davantage dans la misère la plus extrême. Les démantèlements à répétition de bidonvilles continuent sous François Hollande comme sous Nicolas Sarkozy, à la demande de municipalités de la majorité gouvernementale d’hier comme de celle d’aujourd’hui. Ce n’est que la partie la plus visible de pratiques non seulement scandaleuses, mais aussi illégales, qui se banalisent : refus de domiciliation au CCAS ici, entraves à la scolarisation des enfants là, non-ramassage des ordures ménagères ici et là, etc. Il s’agit d’un processus massif de marginalisation, d’exclusion et de stigmatisation d’une population.
Pour justifier ces actes inhumains, à l’instar de Manuel Valls, les responsables prétendent tantôt qu’ils agissent pour le bien des Roms en détruisant un habitat insalubre, tantôt que ceux-ci « ne souhaitent pas s’intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ». En réalité, comme on l’a vu pendant les élections municipales, les politiques n’hésitent pas à faire campagne en promettant une véritable chasse aux Roms.



Nous sommes bien en présence d’une « politique de la race » : on assigne les Roms à une différence supposément culturelle pour justifier en retour de les traiter de manière discriminatoire. Cette persécution se déroule dans l’indifférence générale, voire avec une approbation presque consensuelle : en effet, les majorités successives semblent avoir réussi à dépolitiser la « question rom », en donnant l’impression que les élus, tant locaux que nationaux, ne font que gérer un problème – et non mener une politique à laquelle on pourrait opposer une autre politique.
Si le traitement des Roms est un exemple extrême, les politiques de racialisation concernent pareillement d’autres catégories de la population. C’est le cas depuis longtemps avec l’injonction d’intégration adressée, non seulement aux immigrés, mais aussi à leurs enfants, voire à leurs petits-enfants, comme si certains Français devaient éternellement faire la preuve de leur « identité nationale ». C’est aussi le cas avec le déchaînement d’islamophobie qui s’autorise de la laïcité pour jeter une suspicion a priori sur les musulmans dans leur ensemble, tout en récusant le terme même d’islamophobie.

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