mercredi 28 novembre 2012

L’eau potable : un droit fondamental




                  Conférence du 23 novembre 2012 à Villepreux avec :

- Jean-Pierre Bécue, ingénieur ouvrages hydrauliques, membre d’Amnesty International et d’une  ONG CFS GK Savar Bangladesh.
-  Maurice Martin, président de la AREP CAMY, Association pour le retour de l’eau en régie publique dans la communauté d’agglomération de Mantes en Yvelines.



Lors de la conférence, Jean-Pierre Bécue a exposé à un public attentif les problèmes des populations confrontées aux manques d’eau et d’assainissement. Les eaux de surface sont polluées, les eaux de pluie imprévisibles avec le changement climatique, les nappes phréatiques surexploitées. Alors que l’OMS fixe les besoins en eau à 100 l par habitant et par jour, nous consommons entre 150 à 300 l par jour tandis que l’Afrique sub-saharienne dispose seulement de 10 à 20 l par jour ! 

Une personne sur cinq n’a pas accès à l’eau potable, les femmes et les enfants doivent consacrer plusieurs heures par jour pour puiser et transporter l’eau jusqu’à leur habitation. Cette eau de mauvaise qualité et le manque total d’assainissement sont responsables de la mort de 22 000 personnes par jour: diarrhées virales, poliomyélites, salmonellose, typhoïde, ascaris, hépatite A, amibiase, bilharziose, choléra.


Photo Amnesty International

Les eaux souterraines sont plus saines, mais nécessitent un investissement (puits, pompes manuelles ou à capteurs solaires). Sur les zones côtières et les îles, l’exploitation intensive des nappes phréatiques fait remonter l’eau salée qui pollue irrémédiablement l’eau douce. Dans certaines régions comme le Bengladesh, l’Inde et l’Argentine les nappes phréatiques sont polluées par de l’arsenic naturel, des filtres sont alors indispensables pour rendre l’eau potable. Dans les grandes profondeurs, les eaux fossiles très pures, ne se renouvellent pas.

Illustration Amnesty International

Ce fléau mondial peut entraîner des révoltes sociales, des migrations, de graves conflits entre les états. Les cisjordaniens ont  droit à  80 l/J (citernes) alors que les Israéliens ont un accès à l’eau illimité et consomment 300 l par jour; 95% de l’eau de Gaza est impropre à la consommation. 
Il est urgent de réduire notre consommation en diminuant le gaspillage dans les villes : la fuite des tuyaux engendre une perte d’eau située entre 20% à 50% du volume transporté; dans les pratiques agricoles, lors de l’irrigation : 80% de l’eau s’évapore; la culture des biocarburants est une très grande consommatrice d’eau. La fracture hydraulique est une technique dévoreuse et destructrice d’eau. Il faut augmenter la réutilisation des eaux usées.

Maurice Martin a présenté ses actions en faveur de la remunicipalisation de l’eau.
L’eau est considérée comme une marchandise alors que c’est un besoin vital d’utilité public. Depuis les années 1970, la France a délégué la gestion de l’eau à des entreprises privées. Elle fait figure d’exception en Europe car, dans la majorité des pays, l’eau est publique.


Illustration SCOT de la plaine de Versailles

Dans l’agglomération Mantoise le prix de l’eau a augmenté de 40% en 10 ans. Dans une rue, la même eau coulant dans les mêmes tuyaux coûte 2,71€ le M3 à Limay qui est en régie publique et passe quelques mètres plus loin  à 3,57€ dans la CAMY gérée par Véolia!

 C’est la communauté publique qui finance l’ensemble du réseau d’eau: captage, château d’eau, unité de traitement et d’assainissement, tuyauterie, Véolia n’est que gestionnaire. La facture d’eau comprend le traitement avant et après consommation et les investissements nécessaires. Dans une commune, le maire est responsable de l’approvisionnement en eau. D’une manière générale, le retour en régie publique entraîne une baisse de 30% à 50% du prix de l’eau.

Quand Véolia revoit ses prix à la baisse. Illustration AREP CAMY
 La communauté européenne a émis en janvier 2012 un avis de suspicion de surfacturation et d’entente illicite dans la distribution de l’eau par les sociétés qui en sont chargées. 
Le retour en régie publique n’entraîne pas de perte d’emploi. Par exemple à Paris les employés de Véolia ont intégré la régie de Paris.

En 2015 les contrats avec les sociétés chargées de la distribution de l’eau vont être renégociés, à cette occasion de nombreux retours en régie publique vont pouvoir se faire. Et pourquoi pas à Villepreux ?


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