Conférence du 23 novembre
2012 à Villepreux avec :
- Jean-Pierre Bécue, ingénieur ouvrages hydrauliques, membre d’Amnesty
International et d’une ONG CFS GK
Savar Bangladesh.
- Maurice Martin, président de la AREP CAMY, Association pour
le retour de l’eau en régie publique dans la communauté d’agglomération de
Mantes en Yvelines.
Lors de la conférence,
Jean-Pierre Bécue a exposé à un
public attentif les problèmes des populations confrontées aux manques d’eau et
d’assainissement. Les eaux de surface sont polluées, les eaux de pluie
imprévisibles avec le changement climatique, les nappes phréatiques
surexploitées. Alors que l’OMS fixe les besoins en eau à 100 l par habitant et
par jour, nous consommons entre 150 à 300 l par jour tandis que l’Afrique
sub-saharienne dispose seulement de 10 à 20 l par jour !
Une personne sur cinq n’a pas
accès à l’eau potable, les femmes et les enfants doivent consacrer plusieurs
heures par jour pour puiser et transporter l’eau jusqu’à leur habitation. Cette
eau de mauvaise qualité et le manque total d’assainissement sont responsables
de la mort de 22 000 personnes par jour: diarrhées virales, poliomyélites,
salmonellose, typhoïde, ascaris, hépatite A, amibiase, bilharziose, choléra.
Photo Amnesty International |
Les eaux souterraines sont
plus saines, mais nécessitent un investissement (puits, pompes manuelles
ou à capteurs solaires). Sur les zones côtières et les îles, l’exploitation
intensive des nappes phréatiques fait remonter l’eau salée qui pollue
irrémédiablement l’eau douce. Dans certaines régions comme le Bengladesh,
l’Inde et l’Argentine les nappes phréatiques sont polluées par de l’arsenic
naturel, des filtres sont alors indispensables pour rendre l’eau potable. Dans
les grandes profondeurs, les eaux fossiles très pures, ne se renouvellent pas.
Illustration Amnesty International |
Ce fléau mondial peut
entraîner des révoltes sociales, des migrations, de graves conflits entre les
états. Les cisjordaniens ont droit
à 80 l/J (citernes) alors que les
Israéliens ont un accès à l’eau illimité et consomment 300 l par jour; 95% de
l’eau de Gaza est impropre à la consommation.
Il est urgent de réduire
notre consommation en diminuant le gaspillage dans les villes : la fuite des
tuyaux engendre une perte d’eau située entre 20% à 50% du volume transporté;
dans les pratiques agricoles, lors de l’irrigation : 80% de l’eau s’évapore; la
culture des biocarburants est une très grande consommatrice d’eau. La fracture
hydraulique est une technique dévoreuse et destructrice d’eau. Il faut
augmenter la réutilisation des eaux usées.
Maurice Martin a présenté ses
actions en faveur de la remunicipalisation de l’eau.
L’eau est considérée comme
une marchandise alors que c’est un besoin vital d’utilité public. Depuis les
années 1970, la France a délégué la gestion de l’eau à des entreprises privées.
Elle fait figure d’exception en Europe car, dans la majorité des pays, l’eau
est publique.
Illustration SCOT de la plaine de Versailles |
Dans l’agglomération Mantoise
le prix de l’eau a augmenté de 40% en 10 ans. Dans une rue, la même eau coulant
dans les mêmes tuyaux coûte 2,71€ le M3 à Limay qui est en régie publique et
passe quelques mètres plus loin à
3,57€ dans la CAMY gérée par Véolia!
C’est la communauté publique qui finance
l’ensemble du réseau d’eau: captage, château d’eau, unité de traitement et
d’assainissement, tuyauterie, Véolia n’est que gestionnaire. La facture d’eau
comprend le traitement avant et après consommation et les investissements
nécessaires. Dans une commune, le maire est responsable de l’approvisionnement
en eau. D’une manière générale, le retour en régie publique entraîne une baisse
de 30% à 50% du prix de l’eau.
Quand Véolia revoit ses prix à la baisse. Illustration AREP CAMY |
La communauté européenne a émis en janvier 2012
un avis de suspicion de surfacturation et d’entente illicite dans la
distribution de l’eau par les sociétés qui en sont chargées.
Le retour en régie publique
n’entraîne pas de perte d’emploi. Par exemple à Paris les employés de Véolia
ont intégré la régie de Paris.
En 2015 les contrats avec les
sociétés chargées de la distribution de l’eau vont être renégociés, à cette
occasion de nombreux retours en régie publique vont pouvoir se faire. Et
pourquoi pas à Villepreux ?