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Chers messieurs,
Puisque cette lettre s’adresse à moi, j’entends vous répondre personnellement. Mais avant d’aller sur le fond, permettez-moi de rétablir certains faits. Nous n’utilisons jamais l’expression « produits phyto-pharmaceutiques » et lui préférons le mot pesticide, qui dit plus simplement que ces produits ont été créés pour tuer le vivant.
Par ailleurs, les faits que vous évoquez, s’ils sont vrais, sont graves. Vous parlez d’individus armés – de quoi? – et de menaces de mort à l’encontre d’agriculteurs. Conscient de votre engagement civique, je suis sûr que votre syndicat aura porté plainte et que vous nous transmettrez le numéro de récépissé de ces plaintes pénales. Soyez certains que je m’engage personnellement à condamner de tels agissements. Si vous nous lisez, vous ne pouvez ignorer que notre mouvement est définitivement non-violent et pleinement pacifique. Jamais nous ne soutiendrons la moindre attaque contre des personnes.
La raison en est très simple: non seulement nous n’attaquons pas les paysans, mais nous souhaitons qu’à l’avenir, ce pays en compte à nouveau des millions. Mais libérés d’un système industriel qui a fait passer leur nombre de 7,4 millions en 1946 -la France ne comptait alors que 40 millions d’habitants- à probablement un peu plus de 400 000 aujourd’hui. Nous voulons ardemment des paysans, mais nous souhaitons tout aussi ardemment la fin d’une pratique agricole récente et très néfaste.
Pour le reste, chers messieurs, je n’entends pas polémiquer inutilement avec vous. Vous parlez de science, eh bien sachez que des centaines d’études -des CENTAINES- parues dans les meilleures revues scientifiques de la planète ont montré l’extrême toxicité des pesticides de synthèse. Vous avez le droit de le nier, mais selon moi, cela vous placerait à l’égal de ceux, dont vous êtes peut-être, à avoir nié la réalité du dérèglement climatique voici vingt, et même trente ans.
Tel n’est pas mon cas. Je suis un grand familier de ces études que personne ne lit, et ce que je vous dis peut être aisément démontré. Sur la question des SDHI, leur dangerosité est démontrée. Je vous renvoie à ce travail de 2012 – déjà -, intitulé: Evidence of the in vitro genotoxicity of methyl-pyrazole pesticides in human cells. Ce travail, je vous le précise, a été financé pour partie par l’ANSES, qui semble l’avoir oublié. Par ailleurs, une étude importante sur le sujet sera publiée d’ici quelques semaine dans la fort réputée revue PlosOne. Je vous prie de croire qu’il ne s’agit pas de Pif Le Chien.
Je vous rappelle enfin qu’en 2008 a été lancé un plan public Ecophyto, auquel votre syndicat, la FNSEA, a été étroitement associé. Plus de 700 millions d’euros d’argent publics ont été dépensés, mais alors que l’engagement était de réduire en dix ans l’usage des pesticides, celui-ci a tout au contraire augmenté dans le même temps de 20%.
Je vous le redis, le mouvement que j’ai l’honneur de représenter combat une pratique agricole désastreuse au premier chef pour les utilisateurs directs, et veut que la France retrouve un nombre considérable de paysans. De cela, nous serons à tout instant ravis de discuter avec vous. En vous souhaitant le bonjour,
Fabrice Nicolino, président de ‘Nous voulons des coquelicots’
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