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C’est
un portrait comme une enquête. L’auteur de La Cache traque les trajectoires de
sa mère. L’énigme poignante d’une si proche inconnue.
Dans La Cache (prix Femina 2015), l’admirable,
grave et fantasque récit familial par lequel le journaliste Christophe
Boltanski a franchi le pas et fait son entrée dans le champ littéraire, elle
était l’absente, l’innommée. L’omission, le point aveugle, peut-être
l’échappée. De l’extravagante et fusionnelle tribu au sein de laquelle
Christophe Boltanski a grandi, on rencontrait, dans La Cache, Myriam,
alias Grand-Maman, handicapée, impétueuse, autoritaire ; Etienne, son
mélancolique époux ; Jean-Elie, Christian, Anne et Luc, les oncles, tante et
père de l’écrivain. Tout entier dévolu cette fois à sa mère, Le Guetteur
s’offre donc à lire comme le volet jusqu’alors manquant d’un diptyque,
intensément contrasté. Un prolongement aussi ténébreux qu’était enchanté, en
dépit de ses soubassements tragiques, le volume inaugural. Le Guetteur tient
son titre d’un poème d’Apollinaire que Françoise, la mère de Christophe, avait
noté sur la page de garde d’une ébauche de roman, trouvée après sa mort par ses
enfants parmi ses papiers en désordre : « Et toi mon cœur pourquoi bats-tu ?
Comme un guetteur mélancolique… » Il aurait pu s’intituler « La Clandestine
», « La Recluse », « L’Effacée »…
Extrait de la critique
de Nathalie Crom
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