Cet été, de nombreux
départements sont touchés par la sécheresse. Ces épisodes climatiques extrêmes,
susceptibles de se multiplier dans les années à venir, aggravent les impacts
des centrales nucléaires sur les cours d’eau. Mais pour EDF, les intérêts
financiers priment sur la protection des écosystèmes aquatiques.
Des
centrales nucléaires gourmandes en eau
Une centrale nucléaire a besoin
d’eau en permanence pour évacuer la chaleur produite par la réaction nucléaire,
et ce même à l’arrêt.
- En
bord de mer ou sur les cours d’eau à fort débit, les centrales
fonctionnent en circuit "ouvert" : chaque réacteur prélève
près de 50 m3/seconde pour ses besoins en refroidissement. L’eau est
ensuite rejetée à une température plus élevée. C’est le cas, par exemple,
à Fessenheim.
- Sur
les cours d’eau où le débit est plus faible, elles fonctionnent en circuit
dit "fermé" : chaque réacteur pompe près de 2 à 3
m3/seconde dont une partie est ensuite évaporée dans les tours de
refroidissement, formant un panache blanc caractéristique ; le reste
est ensuite rejeté. Les deux tiers de l’énergie produite par une centrale
sont perdus sous forme de chaleur. Celle-ci sera elle-même évacuée sous
forme de vapeur d’eau (qui constitue elle-même un gaz à effet de serre)
et/ou viendra réchauffer les cours d’eau .
Des dérogations sur mesure pour les
étés chauds. Le fonctionnement des centrales en été exige donc un débit
suffisant. D’où certains arrangements pour conserver suffisamment d’eau dans
les fleuves !
- En cas
de sécheresse, on préfèrera vider le lac de Vassivière (Limousin) pour que
la Vienne continue à refroidir la centrale de Civaux.
- Cette
question peut même prendre une dimension internationale : en avril
2015, François Hollande a négocié avec la Suisse pour qu’en cas de
sécheresse, le débit du Rhône à la sortie du Lac Léman reste suffisant
pour refroidir les 14 réacteurs français situés au bord du fleuve !
Surtout, ces rejets d’eau chaude ne
font pas le bonheur des milieux aquatiques. En 100 ans la température du Rhin a
augmenté de 3°C, notamment à cause de la centrale de Fessenheim. Ces rejets
thermiques agissent comme une barrière qui réduit considérablement les chances
de survie des poissons grands migrateurs, comme les saumons et truites des
mers. Leur impact est d’autant plus important en période de fortes chaleurs,
avec des fleuves au débit réduit et à la température en hausse.
La loi fixant des limites au
réchauffement des fleuves, EDF peut se voir contrainte de réduire la puissance
de certains réacteurs et pourrait théoriquement être conduite à les arrêter en
cas de trop forte chaleur. Mais il faut bien faire tourner les climatiseurs, et
tout arrêt de réacteur représente un manque à gagner d’un million d’euros par jour
pour EDF… Si bien que l’électricien n’a jamais cessé d’intervenir pour modifier
la législation et obtenir des dérogations !
Une pollution chimique et radioactive accrue en cas
de sécheresse
En temps normal, les sites
nucléaires sont autorisés à rejeter dans l’eau d’importantes quantités de
substances radioactives (tritium, carbone 14...) qui s’accumulent dans la
végétation aquatique, et surtout chimiques : bore, hydrazine, phosphate,
détergents, chlore, ammonium, nitrates, sulfates, sodium, métaux (zinc, cuivre).
La chaleur favorisant la prolifération des amibes, EDF a tendance à utiliser
encore plus de produits chimiques en été, notamment pour éviter que les tours
de refroidissement se transforment en foyers de légionellose.
Texte et document du
Réseau « Sortir du nucléaire »http://www.sortirdunucleaire.org/
Illustration Sortir du nucléaire |